Education & Oralité
Plaisir d’écouter et de raconter des contes
Lorsque nous entrons dans une classe pour rencontrer un groupe d’élèves ou de jeunes dans le cadre d’un centre de loisirs, nous venons rappeler et partager une Culture Orale qui fut pendant longtemps la seule transmission possible entre les humains : le conte, la légende, le mythe.
Ces récits sont souvent découverts, étudiés à travers des textes, des albums, mais rarement dans leur forme orale et sont très rarement entendus dans le cadre d’une vraie rencontre. Beaucoup de livre audio sont le fruit d’une lecture à voix haute.
Ecouter un conteur, une conteuse, c’est autre chose.
L’originalité de la présence du conteur·s·e est de permettre aux jeunes d’entendre des histoires sans aucun support visuel autre que le corps, le regard, les expressions du visage accompagnant la voix, la manière de porter la narration, les dialogues… au service du dénouement de celles-ci.
Les contes tirent leur notoriété d’une construction à la fois originale et méticuleuse de la matière verbale mais aussi de la qualité de la présence humaine du conteur·s·e, qui transmet par l’histoire, la réalité de nos rapports émotionnels à l’existence. En cela, on parle volontiers de l’art de conter.
C’est cet art de conter que nous souhaitons faire découvrir aux jeunes. Contrairement à la poésie, aux textes du théâtre, nous ne sommes pas dans le par coeur quand nous contons. Il y a dans l’acte de conter une part d’improvisation dans le sens où nous nous improvisons à dire. Le conteur ne sait jamais à l’avance comment l’histoire va exactement sortir, s’exprimer à travers lui.
Bien entendu, le travail de répétition fixe des expressions, les tons de voix du narrateur, des personnages, définit l’enchaînement des séquences, les manières d’amener tel ou tel motif..cela se construit avec le temps.
Une écriture orale
Ce qui est intéressant pour les élèves, c’est que nous partons de nos propres mots, de notre propre manière de s’exprimer, d’être avec notre oralité, notre langue. Nous parlons d’une écriture orale. Dans ce jeu d’apprendre à conter, chaque élève chemine entre son oralité et l’histoire. C’est au fur et à mesure des répétitions qu’il va trouver les-ses mots justes, une affection à des expressions types, une manière de dire une phrase, une intonation appropriée pour tel passage, des jeux de mots, des répétitions qui favorisent la mémoire du récit mais aussi la clarté pour le public qui écoute…
Pour l’aider, il aura à imaginer le contexte dans lequel la narration et les dialogues sont dits car l’oralité d’une histoire passe toujours par le sens. Il y a une logique narrative à respecter et donc à trouver. Nous sculptons le parlé en ajoutant ou en ôtant des mots. Les éléments ne tombent pas du ciel n’importe comment. Quand des éléments arrivent par surprise, comme une bouteille tombant du ciel, le conteur·s·e a le devoir d’apporter le sens de cela, que ce soit dans le texte oral ou dans le sous-texte.
Il y a dans le travail de création d’un récit ou dans celui de raconter une histoire déjà existante, une véritable mobilisation de nos capacités à réfléchir, à raisonner et donc à devenir plus intelligent, plus ouvert au monde visible mais aussi invisible, c’est à dire au monde du mystère dès lors que l’on ouvre la porte de l’imaginaire.
Respirer est bien réel, le fait même de respirer est un mystère.
Manger est bien réel, le fait même de manger est un mystère
Imaginer est bien réel, le fait même d’imaginer est un mystère
Le réel et le mystère sont main dans la main,
Approcher l’univers des contes et des mythes nous le rappellent sans cesse !
Ce que nous proposons
• LA CLASSE CONTE
Nous appelons « classe conte », tous les projets d’accompagnements de classes. Ces projets peuvent s’organiser dans le cadre de votre établissement ou dans un cadre extérieur comme un centre de vacances, un centre de loisirs disponible sur le temps scolaire…
Nous avons par le passé, organisé des séjours avec le centre des PEP de Courseulles sur Mer, l’association Nature-Terroir et Patrimoine de Caen, l’UNCMT de Ver sur Mer, sous la forme de séjours découvertes en pension complète.
Dans tous les cas, les objectifs que nous vous proposons tournent autours des axes suivants :
• UNE INITIATION A L’ORALITÉ
Cette initiation à l’oralité du conte permet à tous les élèves d’une classe de se découvrir en train de raconter avec ses propres mots.
Plusieurs classes peuvent suivre cette démarche afin d’organiser à la fin du projet, une rencontre d’histoires inter/classes. Dans ce cas là, le conteur propose une histoire différente à chaque classe afin de pouvoir envisager cette rencontre interclasses avec des histoires différentes des unes des autres.
Avant la démarche, le conteur explique comment fonctionne l’oralité du conte, ce qu’il est important de respecter, ce qui pourra apparaître difficile pour certains élèves et que l’on est bien là, dans une initiation, une découverte. Il n’y a pas d’évaluation.
DÉROULEMENT DU PROJET SUR 3 OU 4 JOURNÉES
– Séance 1 : spectacle d’1h
– Séance 2 : ateliers de 2 h (par classe)
– Séance 3 en option : ateliers d’1h ou 2h par classe pour un approfondissement (La voix, le regard, le corps, la gestuelle au service de l’histoire)
– Séance 4 : un temps de partage entre les classes
Déroulé de l’atelier
L’atelier d’initiation est une démarche qui invite les élèves d’une classe à apprendre à raconter une histoire, la même pour chaque élève. Cette démarche s’appelle le jeu du fil en aiguille. Le conteur commence par raconter deux ou trois histoires. Une d’entre elles est retenue.
La séance 2
- Nous sommes disposés en cercle. En prenant la parole chacun son tour, chaque élève a le droit de dire une phrase de l’histoire afin que tous ensemble, nous retrouvions le récit du conte entendu. Si un élève se trompe, on ne dit rien, on laisse dire, on avance avec notre mémoire telle qu’elle apparait pour chacun·e. On a le droit de passer, c’est un jeu. A la fin, on récapitule, on voit ce qui a bougé, ce qui a été oublié, ce qui est important, ce qui l’est moins et qui peut être modifié sans que cela nuit au sens général de l’histoire.
- Après cette 1ère récapitulation collective, la classe se coupe en deux cercles et chaque groupe recommence l’exercice ; un groupe avec l’enseignant, un groupe avec le conteur.
- Puis après une nouvelle récapitulation dans chaque demi-groupe, nous constituons des groupes de quatre élèves placés en situation d’autonomie. Ils se redisent l’histoire à 4.
- Puis on se retrouve 2 par 2 pour raconter l’histoire en mettant l’accent cette fois-ci sur les dialogues que l’on se partage en plus de la narration.
- Puis on se retrouve seul avec soi-même à tenter de se raconter l’histoire entière à soi-même.
Les élèves comprennent vite que c’est un travail en groupes de plus en plus restreints qui sollicite l’autonomie et le respect de la parole des autres. L’enseignant et le conteur sont disponibles pour aider. A la fin, des volontaires pourront à deux, trois ou quatre raconter l’histoire au groupe classe en situation de face à face.
Une seule grande salle suffit ou deux salles de type salle de classe. On peut aussi utiliser les couloirs.
6. Petit bilan collectif avant de repartir. “A vous de répéter pour la rencontre inter-classes !”
Entre la séance d’initiation et l’inter-classe, les enseignants avec leurs élèves consacrent un peu de temps à des répétitions en classe ou dans le cadre des heures CDI afin de se préparer à la rencontre avec les autres classes. Les élèves se raconteront l’histoire par groupes de 2, 3 ou 4 élèves maxi, plus sécurisant et plus amusant pour eux.
Déroulé de l’atelier Kamishibaï